Les plâtres


  1. Définition.
    C’est un moyen de contention qui consiste à maintenir les fragments osseux dans leurs rapports normaux jusqu’à la formation d’un cal osseux solide.
    850 : Utilisation de colle à base de farine, cire, bandelettes de résine et de tissu imbibé de blanc d’œuf.
    1800 : Découverte en Mésopotamie et en Perse de l’utilisation du plâtre.
    1850 : Apparition du premier bandage plâtré réalisé par un médecin hollandais.
  2. Objectifs de soins.
    1. Prévenir tout accident au niveau cutané ou vasculo-nerveux, ainsi que toute complication liée au décubitus.
    2. Respecter le confort du patient et l’adapter à son appareil plâtré.
    3. Eduquer le patient et/ou sa famille pour qu’ils sachent surveiller efficacement le plâtre.
  3. Localisation des plâtres.
  4. Membre supérieur :
  5. Plâtre antébrachial (poignet + carpe).
  6. Plâtre brachio-antébrachio-palmaire (poignet + coude + avant bras).
  7. Plâtre thoraco-brachial (peu utilisé).
  8. Membre inférieur :
  9. Botte pédieuse (jambe + pied ® entorse grave cheville + malléole).
  10. Plâtre cruro-pédieux (genoux ® fracture rotule + entorse genou).
  11. Genouillère plâtrée (genou® fracture rotule + entorse genou).
  12. Pose d’un plâtre.
    1. Le matériel :
      • Jersey tubulaire adapté au diamètre du membre à plâtrer, coupé le plus long pour un bourrelet protecteur.
      • Coton cardé ou Soffband pour les extrémités du plâtre.
      • Bandes de plâtre ou de résine.
      • Cuvette d’eau tiède pour immerger les bandes de plâtre.
      • Cisaille à plâtre.
      • Scie circulaire.
    2. La technique :
      • Plâtre traditionnel :
        • Habiller le membre avec le jersey.
        • L’entourer avec le coton cardé.
        • Immerger les bandes de plâtre dans l’eau tiède.
        • Les essorer légèrement.
        • Le médecin enroule la bande autour du membre à plâtrer et la lisser au fur et à mesure.
        • Modeler le plâtre.
        • Sec au bout de 36 h ® information au patient de la fragilité du plâtre.
        • Utilisation possible de moyens de séchage artificiels, mais rend plus friable.
        • Une fenêtre éventuelle se découpera sur le plâtre sec.
      • Résine :
        • Doubler l’épaisseur de jersey car il n’y a pas de coton cardé.
        • Ne pas ouvrir le sachet à l’avance (séchage avec l’humidité de l’air).
        • La bande de résine est enroulée sur le membre (plus dur que le plâtre).
        • Vaporiser de l’eau pour faire épouser la forme du membre.
        • La résine sèche très vite, ne pas utiliser de chaleur artificielle car conduit la chaleur (fibre de verre).
        • Le patient peut prendre une douche en prenant des précautions, sans savon (risque cutané ou allergies).
        • La résine est très légère, mais est plus chère que le plâtre.
  13. Surveillance des plâtres.
    1. Surveillance locale.
      • Chaleur locale (toucher les extrémités).
      • Couleur (si cyanose, enlever en urgence).
      • Douleur ® signe d’alerte (trop serré, douleur pulsatile, mauvaise échancrure, plaie sous plâtre, phlébite).
      • Œdème : oedématie du membre ® plâtre trop grand.
      • Formation d’un œdème ou augmentation du volume ® compression.
      • Odeur : constitution d’une plaie ou escarre sous plâtre.
      • Fourmillement + perte de sensibilité ® compression vasculo-nerveuse.
    2. Autres risques :
      • Escarres sous plâtre ou autres points d’appuis.
      • Atrophie musculaire ® Rééducation, kinésithérapie.
      • Ankylose des articulations.
      • Arthrose secondaire.
      • Phlébite (signes : douleurs +/- brutales au mollet, œdème pied ou orteils, chaleur, rougeur, dissociation t°/p ).

        Importance capitale de la surveillance.
  14. Complications vasculo-nerveuses.
    1. Syndrome de Volkmann.
    2. Définition :
      Rétraction d’origine ischémique des fléchisseurs des doigts, associée à une atteinte nerveuse de la main.
    3. Pathogénie :
      Souffrance musculaire par défaut de vascularisation. Un œdème sous-apponévrotique, dû à une compression des veines humérales au niveau du foyer de fracture.
    4. Syndromes cliniques :
      1. Douleur dans l’avant bras et les doigts.
      2. Œdème dans les doigts avec ébauche de flexion (doigts froids et boudinés).
      3. Cyanose de la main.
      4. Absence de pouls radial.
      5. Trouble de la sensibilité.
      6. Paresthésie à type de fourmillement ou hypoesthésie.
    5. Il faut alors faire l’ablation du plâtre en urgence, sinon risque d’un tableau d’ischémie irréversible, avec poignet et doigts fléchis en crochet, avec troubles vasculaires et sensitifs irréversibles ® perte fonctionnelle définitive du membre.
    6. Syndrome de Loge.
      C’est la même chose que celui de Volkmann, mais il est employé pour les membres inférieurs, et apporte une nuance de compression des masses musculaires.
  15. Principe de surveillance.
    1. Contrôle radio.
      Un contrôle régulier peut être fait sur prescription médicale.
      Une radio est systématiquement faite après la pose d’un plâtre.
    2. Principes généraux.
      • Le plâtre doit toujours permettre l’examen des extrémités distales.
      • Les plâtres circulaires doivent être surveillés de très près.
      • Une ischémie de 48h est suffisante pour créer des lésions irréversibles.
      • Tout refroidissement, fourmillement, cyanose locale, œdème doit alerter l’infirmier.
      • Les bagues et alliances doivent être enlevées.
      • Dire au patient de bien respecter le temps de séchage du plâtre et les consignes médicales concernant l’appui.
      • Surélever le membre concerné (écharpe, sur un oreiller la nuit).
      • Mobiliser les articulations libres.
      • Faire tous les jours une gymnastique sous plâtre.
      • Dire de consulter le médecin en cas de douleur progressive ou brutale.
      • Dire de ne pas introduire d’objet sous le plâtre (même prurit).
      • Ne pas mouiller le plâtre.
      • Surveiller toute complication de décubitus.
  16. Education patient/famille.
  17. Législation.
  18. Décret des actes professionnels du 15/03/93 :
    Art.3 : " Recherche de signes de complications pouvant survenir chez un patient porteur d’un plâtre ou toute autre immobilisation ".
    Art.4 : L’ablation d’un plâtre ou de toute autre immobilisation se fait sur prescription médicale.
    Art.6 : La pose d’un plâtre ou de toute autre immobilisation est faite par un médecin, assisté de l’infirmier.

 

 

Cours de Jean-Marie Buttigieg et Bastian Mellinger, IFSI CHU Nice